Football Congolais : Les clubs de foot n’ont pas de modèle économique, « dépendant de la santé financière des présidents »
Dans le football moderne, aucun club de football ne peut se développer et rester au haut niveau sur le long terme, sans un modèle économique structuré et viable. C’est sur cette thématique que la rédaction de NDEMBOMAG.COM s’est penchée, afin de décrypter le modèle financier des clubs de football au Congo.
Mais, c’est quoi un modèle économique pour un club de football ?
Pour ceux qui ne le savent pas, un modèle économique pour un club de football ou une association sportive, est un modèle de revenus, mais également de coûts en rapport avec leur objectif. Il peut être défini comme la recherche d’équilibre entre revenus, coûts et objectif, ce dernier peut varier : optimisation du profit, des résultats sportifs sous contrainte d’équilibre budgétaire. Dit comme ça, ça l’air très compliqué et technique. On va vous le faire en français facile !
Le modèle économique pour un club de football, c’est la manière dont le club de football gagne de l’argent afin de fonctionner et de payer toutes ses charges : joueurs, entraîneurs, salariés du club et ceci sans être en déficit dans ses comptes. Voilà, ça doit être un peu plus claire pour vous.
Quel est le modèle économique des clubs de football au Congo ?
Il est difficile de donner une réponse à cette question. Contrairement à ce que l’on observe en Europe ou même dans certains pays Africains, où les clubs de football sont structurés et possèdent leur propre infrastructure de base à savoir : Centre d’entrainement, centre médico-sportif, stade de football ou loué auprès de la municipalité, leur permettant d’avoir un modèle économique de base sur la billetterie, l’abonnement des fans, la location d’espace publicitaire aux annonceurs, au Congo Brazzaville les clubs de football n’ont aucune organisation financière.
En effet, les clubs de football congolais ne possèdent pas d’infrastructures. Les compétitions sportives, qu’elles soient nationales ou internationales, se jouent sur des terrains ou stades appartenant à l’Etat et qui sont mis à disposition par le Ministère des Sports à la Fédération Congolaise de Football (FECOFOOT), pour les besoins.
Aucun club de football congolais possède son propre centre d’entrainement, pouvant permettre au club d’avoir une source financière non négligeable. Par exemple, la vente de tickets aux fans qui veulent assister aux différentes séances d’entraînements de leurs clubs de football. A ce niveau aussi, les clubs se contentent de louer soient des terrains football dédié souvent construit au coté des grands stades appartenant à l’Etat, soit de louer des espaces non aménagés dans les villes pouvant faire office de terrain d’entrainement. Ni Diables Noirs, ni Etoile du Congo, ni As Otoho, ni Cara, ne possèdent leur propre stade ou centre d’entrainement digne d’un club de football de renommée.
Une fragilité financière, dépendant de la bonne santé financière du président du club
Ce n’est un secret pour personne, mais au Congo Brazzaville, les clubs de football dépendent financièrement de leur président, qui sont les premiers argentiers du club. C’est à eux seuls qu’incombent la charge de financer toutes les dépenses du club : salaires des joueurs, salaires des entraîneurs, primes de matchs, déplacements nationaux et internationaux. Quelques sponsors peuvent venir s’y greffer, mais la part financière est très faible, par rapport aux dépenses des clubs. Diables Noirs, Etoile du Congo, AS Otoho, Cara, Inter Club, tous ces grands clubs congolais cités, ont tous à leur tête des présidents qui ont une bonne santé financière, qui sont souvent, soit des « hommes politiques » proches du régime en place, soit des « hommes d’affaires » ou Directeur de société publique proche de la famille présidentielle.
Le fait qu’un club de football fonctionne uniquement avec l’argent venant des poches de son président, est un risque pour sa compétitivité, sa durée sur le long terme, mais également un risque, pour le championnat. En effet, le jour où le président du club n’aurait plus les moyens pour tout assurer ou s’il décédait, tout s’écroulera comme un château de carte. Des exemples concrets existent au Congo Brazzaville, où des clubs de football ne sont devenus que des épaves, car les présidents qui avaient permit qu’ils soient connus et atteindre les sommets n’y sont plus.
Cas des Léopards de Dolisie
Le Club des Léopards de Dolisie, est un club de football basé dans la troisième ville du Congo Brazzaville, Dolisie. Il y a de cela quelques années, Léopard de Dolisie, faisait le bonheur des dolisiens et des congolais, par son organisation, son niveau de football, la qualité des joueurs recruté au Congo et même à l’international. Léopard de Dolisie à même tutoyer le sommet des compétions continentales, jusqu’à remporter un titre Africain, la Coupe de Confédération Africaine (Coupe de la CAF).
Mais tout ceci, n’était qu’un leurre, car le club dépendait financièrement de son président de l’époque, un certain Remy Ayayos IKOUNGA. Militaire de formation et de métier, Ancien Enfant de Troupe (AET) et réputé proche du fils du président de la République du Congo, Dénis Christel Sassou Nguesso. Remy Ayayos avait fait des Léopards de Dolisie, un club de football redoutable sur le plan national et international, qui pouvait même titiller des mastodontes comme Le TP Mazembe. Depuis son départ à la tête des Léopards de Dolisie, le club n’est plus du tout compétitif et peine à concurrencer les cadors du championnat national de football congolais. Des exemples comme ça, il en existe plein au Congo et c’est toujours le même procédé, pour le même résultat.
Quelles propositions pour aider les clubs de football congolais à développer des modèles économiques et ne plus dépendre de leur président ?
Afin de permettre à nos clubs de football d’être compétitif sur la durée, et de moins dépendre des finances personnelles de leur président, il faille que l’instance dirigeante du football congolais, en l’occurrence la Fédération Congolaise de Football (FECOFOT) et le ministère en charge du sports, réfléchissent ensemble, comme cela s’est fait ailleurs, sur un plan à court et long terme, visant à développer le football national, qui passe obligatoirement par sa professionnalisation et par ricochet par la professionnalisation des clubs de football.
Nos clubs et associations sportives doivent se structurer et développer des modèles économiques propre à eux, ce qui évitera que les présidents des clubs mettent la main dans la poche. Pour arriver à un tel niveau de développement, il faille que la Fédération Congolaise de Football, soit elle même organisée et dépende moins des fonds alloué par le Ministère des Sports. Cela passe donc par une professionnalisation du championnat national, diffusée en direct avec la mise à disposition d’espaces publicitaires aux sponsors, dont une partie des fonds seront reversés aux clubs participant aux compétitions nationales.
La FECOFOOT devrait aussi obliger les clubs nationaux à se structurer, en ayant le minimum de structures de bases pour être éligible à participer aux compétition nationales. Les structures de base peuvent être en autres : un siège officiel, un centre d’entrainement propre à eux, un car pour le déplacement de l’équipe…. Bref, le sujet est trop grand qu’il est difficile de tout aborder dans un article.
La Confédération Afrcaine de Football sur cette lancée
Depuis quelques années, la Confédération Africaine de Football (CAF) a lancé un veste chantier visant à professionnaliser le football africain, notamment les clubs de football afin d’avoir des compétitions locales et continentales d’un niveau minimum équivalent à celles des autres continents. De ce fait, pour y arriver, Le Comité Exécutif de la CAF a adopté le 10 décembre 2020 un nouveau cadre réglementaire pour le système d’octroi de licence aux clubs et aux stades de la CAF. Cependant, en raison de l’impact de la pandémie de Covid-19 à l’époque, le déploiement de la nouvelle réglementation avait été reporté. Le nouveau règlement est entré en vigueur le 1er juillet 2022.
Lire : nouveau cadre réglementaire du système d’octroi de licence aux clubs et des stades rentre en vigueur
Nous espérons que choses vont bouger du côté de la Fédération Congolaise de Football (FECOFOOT) pour professionnaliser nos clubs et le football national.