Le 05 mars 1972 à Yaoundé, au Cameroun, les Diables rouges Congolais remportaient leur toute première et unique Coupe d’Afrique des Nations à ce jour sur un score de 3 buts à 2 face au Mali. Cinquante un an plus tard, retour sur cette épopée qui aura marqué les esprits dans l’histoire du football congolais.

Nous sommes en 1968, huit ans après l’indépendance, la République du Congo participe à sa première Coupe d’Afrique des Nations. Une participation qui sera courte et brève puisque les Congolais seront éliminés dès la phase de poules pour un bilan médiocre de trois défaites en autant de rencontres avec à la clé une déballée sanglante face au cousin Congo Kinshasa, futur vainqueur de la compétition cette année-là.

L’humiliation est tellement grande que le haut-commissaire au sport interdit à l’équipe de participer à l’édition suivante qui s’est déroulée au Soudan deux ans plus tard. La sélection est donc dans l’obligation de s’entraîner au pays et de travailler dur afin d’être digne de représenter le Congo qui était à l’époque une jeune nation qui avait besoin des victoires pour renforcer son aura. Dans la foulée, l’équipe progresse et développe des automatismes en multipliant des matchs amicaux.

Le début de l’histoire des Diables Rouges du Congo Yahounde 72

Quatre ans après, le Congo se présente à nouveau en phase finale d’une Coupe d’Afrique des Nations. Dirigé par Adolphe Bibanzoulou, sélectionneur de l’équipe à cette époque, les Congolais débarquent à Douala le 19 février 1972 en statut d’outsider. Ils sont logés dans un groupe B très relevé avec la présence du Soudan, tenant du titre, de la République démocratique du Congo, vainqueur de l’édition sur précédente et du Maroc. Personne ne les attend au vu de leur dernière participation, et même gagner un match, parait déjà un peu trop ambitieux.

Les Congolais rentrent en compétition par un nul d’un bus partout contre le Maroc. Ils enchaînent ensuite par une défaite sur un score de 2 buts à 0 face au Zaïre, l’actuel Congo Kinshasa. Ce résultat ressasse déjà le passé et crée la polémique à Brazzaville. Selon les dirigeants du pays, l’honneur serait touché une nouvelle fois et les joueurs auraient blasphémé le drapeau. L’équipe est sommée de rentrer immédiatement au pays. Cette situation créée l’électrochoc au sein du groupe, mais les joueurs, sous l’impulsion de leur capitaine Dolou, se réunissent, et refusent de rentrer, ils veulent aller jusqu’au bout.

Lors du troisième et dernier match de la phase de groupes face au champion en titre soudanais, à la surprise générale, le Congo réussit à créer l’exploit, et l’emportent 4-2 avec un doublé de Jean Michel MBONO, dit le « Sorcier ». Ce sursaut d’orgueil crée de bonnes ondes et permet au Congo, troisième de son groupe, de se qualifier pour les demi-finales suite à un tirage au sort. Arrivée à ce stade de la compétition, plus rien ne semble faire douter les Congolais qui passent du statut d’outsider à celui de véritable prétendant à la victoire finale.

Le Congo tombe sur le Cameroun en demi-finale. Un adversaire très redoutable, puisque les lions indomptables avaient croqué les Congolais 7 buts à 3 en match de préparation. Dès la 31e minute de jeu, le Congo prend une sérieuse option sur ce match en menant déjà au score avant la pause grâce à un missile du gauche à l’entrée de la surface de réparation signé Minga Pépé. Le score restera inchangé jusqu’à la fin de la rencontre et le Congo se qualifie pour la première fois en finale d’une Coupe d’Afrique des Nations. Cette victoire face au Cameroun crée la stupeur et l’ancien Congo Sport devient les Diables rouges, symbole d’une équipe revenue de l’enfer et désormais aux portes du paradis.

Une finale pour une histoire éternelle 

La finale a lieu le 5 mars 1972 au stade de Douala et les diables rouges affrontent comme adversaire le Mali du grand Salif Kiéta Les tribunes sont combles, les Camerounais sont bien évidemment Malien pour l’occasion. Mais la présidence congolaise affrète deux avions des supporters, car la pression monte et on ne se sait jamais.

Le match commence, et dès la 42e minute, c’est déjà la douche froide. Le Congo encaisse le premier but du match inscrit par le malien Moussa Diakité, en toute beauté. À la pause, le Congo est mené et c’est dur, car le rêve s’envole. Il faut désormais créer l’exploit et le sélectionneur tente le tout pour le tout pour changer le scénario du match. Le Congo peine à exister dans ce match jusqu’à l’entrée de Jean Michel Mbouono. En deux minutes, il enfile sa cape et inscrit deux buts exceptionnels. Le sur une frappe dans la surface et le second sur une frappe de l’extérieur du pied-droit. Dans la foulée, le Mali encaisse même un troisième but signé, François Mpélé. La réduction de l’écart pour le Mali par Traoré ne change rien. Les diables rouges l’emportent 3-2 et entrent dans la légende. Le Congo est champion d’Afrique pour l’éternité.

Par Rieltony LOUBOKO – Consultant journaliste Sportif & Rédacteur Web chez NDEMBOMAG