Football congolais : le niveau des entraîneurs en question
Pour accompagner les sportifs à se développer dans leur discipline, l’entraîneur est la personne clé qui, grâce à son expérience et ses connaissances, apporte toutes les clefs pour se développer et obtenir de meilleurs résultats. En Football, comme dans tous les sports collectifs, le coach doit aussi aider l’équipe à performer dans le meilleur équilibre de chacun. Focus, sur ce poste clef d’une équipe, son rôle et les conditions pour exercer. Cependant, au Congo le niveau des entraîneurs de football qui évoluent au sein des clubs de football locaux, laisse interrogatif sur leur apport dans le développement des sportifs, mais aussi dans le jeu technique et tactique de leurs équipes. Décryptage de la rédaction de NDEMBOMAG.
Nommé par le président ou le directeur technique, l’entraîneur de foot est en charge de l’encadrement de l’équipe principale d’un club de foot. Il a à sa disposition les installations du club et un staff technique pour les clubs les plus importants qui vont lui permettre d’obtenir les objectifs définis par l’équipe dirigeante en début de saison.
Les objectifs ne sont pas uniquement une place attendue dans le championnat. La politique sportive d’un club demande aussi de développer d’autres aspects tel que :
- finir la formation des jeunes joueurs afin de faire de belles ventes ;
- développer un jeu collectif, offensif ou spectaculaire ;
- Jouer la montée à la division supérieure ;
- intégrer les jeunes du centre de formation.
Pour cela, l’entraîneur de football est amené à effectuer diverses activités qui influeront sur la vie du collectif.
Des entraîneurs incapables de proposer des plans jeu attrayants
Si vous avez pour habitude d’aller au stade, pour assister aux différentes rencontres du championnat national congolais de Ligue 1, ou tout simplement, si vous les regardez en Live Streaming sur la plateforme ELENVEN SPORT (projet FIFA+), vous avez fait le constat ou ferez le constat, que toutes les équipes jouent toutes un même jeu. On a comme l’impression, que tous les entraîneurs proposent le même plan tactique, ou qu’ils s’entendent au préalable pour évoluer avec le plan tactique.
La grande majorité des entraîneurs congolais, évolue avec le même plan tactique, généralement du 4-4-2. Il est rare de voir, un entraîneur congolais, vous sortir un plan de jeu à la Pep Guardiola , Jose Mourinho, ou encore Carlo Ancelotti. À cet effet, le jeu proposé par les équipes sur le terrain, n’est pas attrayant et peu spectaculaire, au point de ne pas prendre de plaisir (presque toutes les équipes jouent pareils !), ni pour le potentiel public, ni pour les joueurs, ni en vue d’une potentielle sponsorisation du championnat national de football.
Qui ne se rappelle pas, de l’apport de Jose Mourinho dans la réussite actuelle de Karim Benzema. Il a été celui, qui a plus poussé le joueur à travailler et à libérer son potentiel énorme qui sommeillait en lui, comment un membre de la rédaction de NDEMBOMAG
Or, le rôle d’un entraîneur de football, ayant de très bonnes compétences techniques et tactiques, est d’aider les joueurs dont il a la charge, d’évoluer techniquement et tactiquement de façon individuelle, mais aussi de proposer de travailler des plans jeux attrayants, spectaculaires, qui donnent plaisir à voir. En plus d’être capable de s’adapter au changement de ton durant un match, ou de faire de très bonnes analyses de matchs, en fonction des tendances.
Pour avoir plusieurs fois, assisté à des séances d’entraînements des clubs de Ligue 1 et Ligue 2 du Congo, les entraîneurs de football, se contentent de mettre l’accent sur la condition physique et moins sur l’aspect technique. Généralement, après un footing de 30 minutes maximum, les joueurs se mettent au travail de la condition physique, et enfin, le coach va essayer de travailler quelques plans tactiques. Mais, l’aspect même où l’entraîneur forme et aide à faire progresser les joueurs, n’existe quasiment pas chez nos entraîneurs actuels locaux. Pourtant, c’est bien souvent ce qu’a besoin nos jeunes joueurs talents, pour pouvoir libérer leur potentiel individuel.
Vous constaterez le plus souvent, que les joueurs formés au Congo, sont très souvent forts dans l’aspect purement physique, mais manque d’intelligence dans le jeu et parfois de technicité, nécessaire pour se démarquer des adversaires. Certains d’entre eux, peuvent avoir des qualités techniques hors normes, mais manquent d’intelligence, pour savoir faire les bons choix, au bon moment.
C’est ce qui a fait défaut, à l’équipe nationale U20 des Diables Rouges du Congo, durant la CAN U20, dont certains joueurs ont manqué de jugeote. C’est à ce moment, que l’entraîneur de football prend la main, pour aider le joueur à progresser dans le bon sens. Cependant, nos entraîneurs n’ont pas cette capacité et le niveau technique pour faire progresser nos jeunes talents.
Incapables de faire des lectures de matchs adéquats.
C’est l’une des plus grandes difficultés des entraîneurs congolais, faire des analyses et lectures de matchs adéquates, afin de réagir correctement aux temps forts et faibles de leurs équipes. Ce constat a été fait, lors des différentes compétitions continentales, auxquelles ont participé les sélections locales A’ et U20 du Congo. Alors que leurs équipes, étaient soit dans des temps faibles, soit dans de temps forts, et qu’il fallait réagir, le public ou les observateurs du football congolais, constatait avec désillusion, que les entraîneurs ne réagissaient pas, ou réagissaient soit trop tard, soit en faisant les mauvais changement. Des mauvaises lectures de matchs, qui laissent interrogatif sur le niveau des entraîneurs congolais et leur capacité à s’adapter aux réalités des matchs. C’est le même constat que nous faisons, auprès des entraîneurs évoluant au sein des clubs locaux. En somme, nos entraîneurs ne savent pas faire des lectures de matchs.
Des entraîneurs qui s’exportent rarement, mais ne réussissent pas à l’étranger
Si les entraîneurs de football au Congo, ne bénéficient pas des mêmes conditions que ceux qui entraînent en Europe, en Afrique du Nord ou même en Afrique de l’Ouest, leur niveau est également loin de celui de leurs homologues africains. Contrairement à ce que l’on peut constater dans certains pays africains, rare sont les techniciens congolais qui s’exportent à l’étranger et qui réussissent dans leur mission. Les quelques-uns, qui ont pu s’exporter n’ont pas laissé de bons souvenirs, dans les clubs où ils sont passés.
C’est le cas, de Barthélémy NGatsono, qui n’a pas réussi son passage chez les voisins de DCMP (RDC). En-tout-cas, contrairement à ce que l’on voit dans d’autres pays, RDC, Nigeria, Tunisie, Egypte, Maroc, les entraîneurs congolais n’ont que rarement eu des propositions venant de l’étranger, sans doute à cause du niveau et de la qualité de notre championnat national.
La grande question, de la formation des entraîneurs de football congolais ?
Tous ces problèmes énumérés plus haut, ont pour seules causes, l’absence de formations adéquates à destination des entraîneurs congolais. Si de temps à autre, la Fédération Congolaise de Football, au travers de la FIFA et la CAF, organise des séminaires de recyclages de 2 à 3 jours, à destination des entraîneurs locaux, cela n’est pas suffisant et différent d’une formation de longue durée minimum 6 mois, où l’entraîneur est formé, tant sur le plan technique, tactique, managériales et sur les analyses de matchs, comme en France.
Il est temps pour la Direction Technique Nationale de la FECOFOOT, de mettre en place un vrai plan de formation technique, tactique et managériale, à destination des encadreurs et entraîneurs de football. Les quelques séminaires organisés de temps en temps, ne permettent pas vraiment de combler les lacunes de nos entraîneurs de football.
Par Ramsi KOUTOUNDA, Analyste de football – Rédacteur web en chef NDEMBOMAG