Partenariat Congo – Olympique Lyonnais : un pari hasardeux qui scandalise
Un investissement irréfléchi

La décision du ministre des Sports, Hugues Ngouélondélé, d’investir plusieurs milliards de FCFA – soit plus de 7 millions d’euros – dans un partenariat publicitaire entre l’Olympique Lyonnais (OL) et le Congo laisse perplexe. Ce choix apparaît non seulement irréfléchi, mais aussi hasardeux, marqué par un mimétisme maladroit avec d’autres nations africaines. Car sur le plan touristique, contrairement au Kenya ou à la Tanzanie, le Congo n’a pas aujourd’hui d’offre structurée capable de séduire le marché international.

Un sport congolais à l’agonie

Au moment où le ministre se félicite de ce contrat, le sport congolais traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire. Le handball, autrefois une vitrine continentale, a disparu de la scène internationale. Le basketball, lui, est suspendu, et la FIFA impose au Congo de régler une amende avoisinant les 800 000 dollars pour espérer retrouver les compétitions mondiales. Quant au football, il se réduit à un championnat médiocre, sans financement suffisant, disputé devant des gradins clairsemés.

Depuis l’arrivée de Hugues Ngouélondélé à la tête du département des Sports, la situation n’a cessé de se dégrader : stades fermés depuis 18 mois, manque de moyens chroniques, absence de vision stratégique. La “destination Congo Brazzaville” vantée par le ministre sonne creux face à cette réalité.

Une dilapidation des ressources publiques

Dans un pays où l’eau et l’électricité manquent, où les infrastructures routières sont délabrées et où une grande partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, ce partenariat ressemble à une provocation. Comment justifier que des milliards soient versés à un club européen quand les clubs congolais, les sélections nationales et les jeunes athlètes n’ont même pas les moyens de s’entraîner dans des conditions dignes ?

Pire encore, ce contrat n’apportera aucun intérêt sportif concret au football congolais. Ni formation locale renforcée, ni infrastructures nouvelles, ni plan de relance des compétitions nationales ne sont prévus. Tout laisse à penser qu’il s’agit avant tout d’une opération de communication et d’image, au bénéfice de l’OL et d’une poignée de décideurs, plutôt que d’un investissement durable pour le sport congolais.

Un scandale en gestation

Ce projet intervient alors que le ministre Ngouélondélé se trouve déjà fragilisé par d’autres polémiques financières. Plusieurs voix s’élèvent, notamment dans les médias et sur la chaîne Ziana TV, pour dénoncer ce partenariat et appeler à son abandon pur et simple. “C’est une honte pour notre pays”, réagissent de nombreux observateurs, qui voient dans cette décision un signe supplémentaire de l’absence de vision et de la gestion hasardeuse des affaires sportives nationales.

Tant que le Congo n’aura pas réglé ses dettes sportives, redonné vie à ses championnats, rénové ses infrastructures et soutenu ses clubs et académies locales, la priorité ne peut être ailleurs. Le partenariat Congo–Olympique Lyonnais, tel qu’annoncé, apparaît comme une dilapidation inacceptable des ressources publiques. Plus qu’une opportunité, il symbolise une fuite en avant qui risque d’enfoncer encore un peu plus le sport congolais dans la crise.