République Démocratique du Congo : le terrible et immense gâchis du football congolais

Alors qu’il a un très gros potentiel, le football en RDC n’a toujours pas évolué et rien ne va dans ce sens depuis de nombreuses années. L’avenir s’annonce très compliqué pour la sélection et le football local.

L’euphorie de mars 2022 où la RDC pouvait rêver d’une qualification pour la Coupe du Monde 2022 est désormais bien loin. Et ce n’est pas étonnant tant ce barrage perdu face au Maroc (1-1, 1-4) était inespéré pour les coéquipiers de Cédric Bakambu. Depuis de très nombreuses années maintenant, le football congolais s’enfonce et reste un immense gâchis avec des résultats sportifs catastrophiques dans toutes les catégories. Non qualifiée à la dernière CAN qui comptait pourtant 24 sélections africaines, la RDC est déjà mal embarquée pour les qualifications à la CAN 2024. Les Léopards sont derniers d’une poule composée du Soudan, de la Mauritanie et du Gabon avec 0 point et donc deux défaites. L’avenir du football congolais s’annonce tout aussi sombre pour le moment, tant rien n’a été fait pour permettre au football local de se développer et d’essayer de rattraper des concurrents qui sont déjà bien loin. «C’est le résultat de la mauvaise gestion du football congolais depuis des années et d’un petit groupe de personnes à la tête des instances qui a fait son propre business au détriment de l’évolution du foot. Cela remonte à plusieurs années déjà. Il n’y a pas eu de vision ou de politique pour l’avenir », nous explique Mansour Loum, rédacteur en chef de Sport News Africa.

« Le mal, il est profond ! On n’a pas de centre d’entraînement, on est la seule équipe dans ce cas sur les dix dernières équipes qui restaient (en barrages pour le Mondial, ndlr). On est la seule équipe à ne pas avoir un stade homologué, on n’a pas de sièges dans le stade, on n’a pas de toilettes dans le stade. C’est trop. On a un équipementier de merde. Vous voulez partir à la Coupe du monde avec ça ? Je ne sais pas. On a une Fédération qui ne pèse pas. Moi, je ne m’en veux pas, parce que le truc, il était prévisible. À un moment donné, il faut que chacun prenne ses responsabilités, même nous les joueurs ! », déclarait Cédric Bakambu après la défaite face au Maroc dans une conversation privée qui avait fuité et animé les débats en RDC. Mais le constat de l’ancien attaquant de l’OM est pourtant réaliste, et salué par les suiveurs du foot congolais. Et il témoigne du manque de professionnalisme des dirigeants du pays.

Une formation délaissée

Autre exemple criant des gros soucis du pays, le mythique Stade des Martyrs qui accueillait les matches des Léopards encore récemment vient d’être recalé par la CAF. Les infrastructures ne sont plus homologuées par l’instance du football africain qui n’autorise plus la RDC à jouer dans ce stade. Sur les réseaux sociaux, une vidéo de la visite de la CAF a d’ailleurs fuité. On y voit des vestiaires en ruine, des toilettes insalubres et sales et des tribunes dégradées, avec des sièges cassés. Des images gênantes alors que la fédération congolaise devait depuis plusieurs années rénover le stade et avait soi-disant entamé des travaux. Résultat, la RDC va jouer son prochain match de qualification à la CAN face à la Mauritanie au stade Japoma de Douala au Cameroun, loin de ses supporters. «Et vous voulez qu’on soit les meilleurs… Honteux», a réagi l’attaquant Yoann Wissa après l’annonce sur son compte Instagram. Un ras-le-bol général des acteurs du football congolais aussi car la mauvaise gestion de la RDC n’impacte pas que l’équipe première. «C’est une année noire pour le football congolais. Les supporters et anciens joueurs en ont marre. Ils veulent faire changer les choses», ajoute Mansour Loum.

Le pays au plus de 95 millions d’habitant, puissance du continent pendant des années, ne parvient plus à développer concrètement sa formation. Pire encore, l’incompétence aux postes importants a un impact néfaste sur les jeunes générations. L’équipe U23 a été disqualifiée de la CAN pour des erreurs administratives. La fédération avait inscrit un joueur qui n’avait pas l’âge de participer à la compétition. Même son de cloche pour l’équipe U17 qui a été contrainte d’abandonner la CAN U17 puisque 15 joueurs sur 20 de la sélection ont été recalés après les tests médicaux de la CAF pour trafic d’âge. «Depuis que je suis le football africain, la RDC est le plus gros gâchis du continent. Avec le vivier qu’il y avait là-bas, l’équipe doit faire demi-finale de CAN minimum à chaque édition. C’est la même pour la sélection locale qui avait remporté deux CHAN. Maintenant, ils sortent au premier tour», explique Mansour Loum.

L’échec des binationaux

L’équipe locale ne tourne plus, tout comme les équipes congolaises qui dominaient le continent africain il y a quelques années. Les années dorées du TP Mazembe en Ligue des Champions africaine, club mythique du continent qui a disparu totalement des radars, semblent bien loin désormais. Les clubs subissent la mauvaise politique sportive du pays. Et pour la RDC, face à la faiblesse de la formation locale, il a fallu se tourner vers la solution de facilité pour apporter à l’équipe : les binationaux. Mais encore une fois, l’incompétence criante des instances congolaises n’a pas aidé à définir un projet sportif ambitieux et donc à attirer des joueurs qui pouvaient concrètement apporter au pays. «Il y a quelques années, la RDC arrivait tout de même à sortir des joueurs de talent comme Trésor Mputu. Mais là, personne n’a pensé à la formation et ils ont donc voulu se rattraper en se tournant vers les binationaux qui ont eu pour certains un apport discutable. C’est devenu une équipe moyenne, sans ossature. Et le choix des coachs était très douteux. Hector Cuper est venu, il a pris son chèque mais ne s’est pas cassé la tête. Les dirigeants congolais ont choisi la facilité. Les joueurs se posent des questions, ils ne sont pas motivés. Ce qu’avait dit Bakambu, c’est la pensée de plusieurs joueurs», explique Mansour Loum.

En 2019, l’ancien marseillais Giannelli Imbula avait décidé de représenter les Léopards et devait prendre part à la Coupe d’Afrique. Mais contre toute attente, son nom n’a pas figuré sur la liste finale en raison d’une erreur administrative de la FECOFA. Une erreur qui avait énormément déçu le joueur qui avait donc manqué la compétition. Mais cette erreur est finalement une erreur parmi tant d’autres au sein de la FECOFA. Sur le papier, le Maroc, le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou l’Algérie sont à des années lumières dans leur politique des binationaux. Pourtant, la RDC est assurément l’un des pays avec la plus grosse diaspora en Europe et le vivier le plus intéressant. Les supporters se mettent d’ailleurs souvent à rêver de ce qu’aurait pu être l’équipe nationale si le pays avait été suffisamment attractif pour ramener des talents d’Europe. Kimpembe, Nkunku, Kalimuendo, Mukiele, Tuanzebe, Wan-Bissaka, Ikoné ou Zakaria auraient dans un monde parallèle pu représenter la RDC. Symbole que le vivier est immense aussi bien en France, qu’en Belgique ou encore en Angleterre. Mais malheureusement pour les supporters congolais, la réalité est différente. Actuellement, la RDC n’a presque aucun argument pour convaincre un joueur de venir jouer pour le pays à l’heure où d’autres sélections africaines proposent des installations XXL et des conditions de travail optimales. En mars prochain, la sélection de Sébastien Desabre pourrait s’enfoncer un peu plus dans la crise en cas de contre-performance dans les qualifications à la CAN. Et malheureusement pour les supporters, l’avenir ne s’annonce pas vraiment radieux. Un énorme gâchis.

Source : FOOTMERCATO.NET

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