Football Congolais : la corruption, une gangrène qui tue le football à petit feu

Des présidents de clubs qui choisissent les arbitres qui vont officier leurs matchs du championnat national direct de Ligue 1, à la Fédération Congolaise de Football, qui commercialise le CIT, document qui devrait normalement être délivré gratuitement, en passant par les présidents de ligues qui font des manigances au profit de leurs équipes, bref. Le fléau de la corruption fait ravage au Congo et le football n’est pas épargné.

Le football congolais est paradoxal. D’un côté, nous avons la sélection nationale A, composée en grande majorité de joueurs binationaux évoluant en Europe, qui peine à se qualifier à une CAN après l’épopée de 2015, et de l’autre côté les autres catégories des Diables Rouges, notamment les U20, U23, composée en totalité de joueurs locaux, qui arrivent à avoir de bons résultats sur le continent. Par exemple, la sélection U20, qualifiée pour la CAN U20, a presque réussi sa compétition, malgré l’élimination aux tirs au buts, face aux U20 Tunisiens. Il y a aussi, la sélection des Diables Rouges U23, qui a obtenu sa qualification pour la CAN U23.

Mais au niveau local, c’est-à-dire au niveau du championnat national et des compétitions continentales interclubs, le tableau est beaucoup moins reluisant. Le niveau du championnat national direct de Ligue 1 du Congo, est totalement de faible niveau. Le niveau des clubs est tellement faible, tel le niveau du championnat, que les clubs congolais peinent à réussir sur le plan continental, lorsqu’ils participent aux compétitions interclubs, organisées par la CAF (Confédération Africaine de Football)

Même les clubs, qui semblent avoir à leur tête des présidents « richissimes » proches des pouvoirs politiques, n’y arrivent pas toujours. Mais, comment réussir face à des adversaires qui eux évoluent dans des championnats très relevés, quand vous évoluez dans un championnat de faible niveau, où les joueurs ont du mal à être payés et que certains matchs sont arrangés en avance, par un choix arbitral.

Un professionnalisme qui ne décolle pas

Un des éléments phare de son projet, lors de sa réélection en septembre 2022, la professionnalisation du football tant vantée et promise par Jean Guy Mayolas peine à arriver, et pour l’instant, c’est un échec à placer dans la colonne « débit » du bilan de Mayolas. C’est même une catastrophe, la grande majorité des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, peine difficilement à subvenir aux dépenses liées au fonctionnement de leurs clubs.

Il y a aussi une très forte disparité entre les clubs : les clubs, comme AS Otohô, Diables Noirs, qui sont dirigés respectivement par Raoul Ominga, Directeur Général de la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC), proche du pouvoir politique, et Fabrice Donald Fylla, acien Directeur Général de X-OIL Congo, société de ventes des produits pétroliers, n’ont pas les mêmes problèmes que les autres clubs.

« Il y a une forme de favoritisme qui pénalise beaucoup de clubs, et ce n’est pas normal », s’énerve Destin Mahoungou, un supporter d’un club de la ville océane. Mayolas ne fait rien pour améliorer la situation du foot local, parce qu’il est obsédé par son pouvoir, ainsi que les subventions FIFA et CAF que la fédération perçoit. Poursuit-il. Quant à la Ligue Nationale de Football (LINAFOOT), elle est soumise à la fédération. Comment lui accorder le moindre crédit ?

Moins virulent, Merveil Odongo n’en est pas moins critiques.

Mayolas n’est pas là pour servir les intérêts du football congolais. En a-t-il la volonté ? Je ne sais pas, affirme-t-il. Rien n’a été fait pour développer le merchandising, ou attirer plus de spectateurs dans les stades. Non, Mayolas se contente de la simple organisation des championnats masculins de football, pour dire qu’il travaille. Pour moi, Mayolas et son comité exécutif n’ont pas leur place. Ils doivent partir !

Un autre amoureux du football congolais, poursuit aussi dans le même sens que les précédents intervenants. Ancien responsable d’une équipe de football féminine à Brazzaville, il se demande si seulement, l’actuel président de la FECOFOOT aime son pays ?

Je pense à mon avis, que le Président Mayolas et ses amis, s’en foutent du football congolais. Parce que je n’arrive pas à comprendre, que lui et son comité, sont incapable d’organiser un championnat national de football féminin dans un petit pays comme le Congo. En plus, tout le monde le sait qu’ils reçoivent des subventions de la CAF et la FIFA pour soutenir le football féminin, mais on ne sait pas où va cet argent ? Pour vous dire, que la corruption est bien installée dans notre football et les premiers corrompus, sont les dirigeants à la tête de la fédération. Nous avons des filles très talentueuses, qui ne demandent qu’à taper dans le ballon et ailleurs dans les autres pays, le football féminin se développe.

Une formation en berne, tant du côté des entraîneurs, que du côté des joueurs

Dirigeant d’une petite équipe de football dans la ville de Nkayi, dont la vocation principale est la formation des joueurs, Mr Gombe se plaint du manque de soutien de la Fédération Congolaise de Football aux clubs et structures de formation de footballeur qui se trouvent à l’intérieur du pays. Il se bat avec les moyens de bord, pour essayer d’accompagner des talents de la région, à acquérir une formation de base de footballeurs.

Cependant, la Fédération Congolaise de Football (FECOFOOT), qui perçoit de nombreuses subventions de la FIFA & la CaF destinées à être investies dans le cadre des programmes de formations de jeunes talents, ne fait rien pour bien redistribuer les fonds. L’argent est détourné à d’autres fins et pour des projets, qui pour l’instant n’ont pas encore vu le jour.

Selène MOUYELO, congolaise résidant en France et porteuse d’un projet de création d’un Centre d’Etudes et de Sports, reste étonnée et stupéfaite, qu’il n’existe pas un plan national de formation d’encadreurs et d’entraîneurs de football au niveau national, définit par la FECOFOOT, alors que l’institution perçoit bien des fonds pour ça et qu’aucun président club ne se lève pour demander des explications à la FECOFOOT.

Je ne comprends pas, comment la Fédération Congolaise de Football avec tous les fonds qu’elle perçoit, est incapable de se construire un véritable centre de formation de football à la Clairfontaine ? Mais, diable où vont tous les fonds de la FIFA destinées à la formation ? S’interroge Selene.

 

D’après une publication faite sur sa page facekook officielle, le Secrétaire Générale de la FECOFOOT aurait nommé un certain DIMI Jacob, Directeur de projet de construction du Centre Médico-Sportif de la Fédération Congolaise de Football. Un des projets de Jean Guy Mayolas, lors de sa réélection à la tête de la FECOFOOT. Mais, est-ce seulement suffisant, au regard des nombreux millions encaissés par la FECOFOOT, entre 2019 et 2021, durant la période Covi-19 ?

Corruption au sein du système

Profondément ancrée dans les pratiques du football congolais, la corruption est toujours présente. Pour certains observateurs de football congolais, l’actuel président de la Fédération Congolaise de Football, n’a pas la volonté de mettre fin à certaines pratiques que l’on pourrait qualifier de « corruption », parce que lui-même, ainsi que certains de ses proches au ComEx ont les mains sales.

Il faille d’abord que lui-même justifie, la bonne utilisation des subventions de la FIFA et de la CAF, avant de vouloir lutter contre les mauvaises pratiques, que nous appelons « anti-valeurs » au Congo, fustige un observateur du football congolais qui tient à garder l’anonymat.

Il y a beaucoup à dire en matière de corruption dans le football congolais et ce n’est pas un secret de polichinelle. Mais quel dirigeant, va oser se lever et critiquer ou dénoncer le favoritisme de tel ou tel club ? Ce statu quo arrange beaucoup de monde.

Les matches arrangés, la commercialisation des CIT par la FECOFOOT, les parts côtes de « 10% » demandés aux joueurs convoqués en sélections, des arrangements des matchs au niveau des Ligues Départementales de football en faveur de certains clubs, dont les présidents sont influents au comité de la FECOFOOT… Ils sont nombreux à en tirer profit, à tous les niveaux. Pourquoi tuer la poule aux œufs d’or ? Fustige un vrai connaisseur du football congolais, auprès duquel la rédaction de NDEMBOMAG s’est rapprochée.

Alors que le Congo devrait disputer en juin et en septembre prochain, deux matchs importants contre le Mali et la Gambie pour une potentielle qualification à la CAN 2024 en Côte d’Ivoire, le football congolais est à nouveau secoué par de nombreuses affaires. Il y a d’abord la « prime de présence » au sein de sélection nationale A, qui a été supprimée par le ministère des Sports et qui fait couler beaucoup d’encre et de salives, et il y a l’affaire au TAS qui oppose la FECOFOOT à un candidat malheureux et il y  a aussi l’affaire du non paiement de primes par la FECOFOOT concernant le CHAN 2023. Pour rappel, la FECOFOOT a perçut environ 200.000 dollars pour sa participation au CHAN 2023.  À ce jour, nul ne sait où sont passés ces fameux 200.000 dollars. Il faut le dire, le football congolais n’est pas prêt de sortir de l’abîme.

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